MERCREDI 27 MARS 2013 à 20 h ▶ Le vent nous emportera, d’Abbas Kiarostami
Le vent nous emportera,
d’Abbas Kiarostami
Iran – 1998 – 1h58′
Des étrangers en provenance de Téhéran arrivent pour un court séjour à Siah Dareh, un village du Kurdistan iranien. Les habitants ignorent la raison de leur venue. Les étrangers flânent surtout dans l’ancien cimetière et font croire aux villageois qu’ils sont à la recherche d’un trésor.
«Venu filmer l’agonie d’une vielle autochtone dans un petit village perché du Kurdistan iranien, un citadin sans état d’âme et très pro, se laisse traverser par ce monde coupé du monde et changer par la douceur des paysans qui l’accueillent. D’un sujet potentiellement édifiant, le maître iranien Kiarostami tire un film sensuel et espiègle. Tandis qu’une agitation à suspense teintée d’un cynisme macabre, semble désigner la mort comme point de fuite du récit, le cinéaste amorce délicatement un mouvement contraire, d’ouverture et de réchauffement. Le vent nous emportera devient un éloge impromptu du temps à perdre, un manifeste insolemment épicurien.
La méditation sur la mort perd tout caractère pesant « La voiture allait vers les hauteurs et elle a rendu l’âme ». Probablement, Kirostami sait-il que l’on ne peut parler de la mort frontalement et que le détour par la poésie est nécessaire. Détour et chemin en Z que, cinq fois, emprunte Bezhad. La technologie moderne, le portable, la tranché pour les télécommunications, rejoignent l’archaïsme, le cimetière, les os, le croque mort cher à Shakespeare. A la fin, les femmes travaillent, un vieil homme du village vient fermer le champ de la rue d’entrée du village. Behzad, régénéré, lave le pare-brise de sa voiture et rend l’os au ruisseau qui l’emportera.
Au fil de cette histoire de conversion, plusieurs séquences étonnent par leur audace, pour peu que l’on songe à la menace de censure islamique qui pèse sur tout réalisateur iranien. Il en va ainsi d’une vigoureuse tirade féminine sur le troisième travail des épouses après ceux de la journée et du soir. Il en va ainsi de la discussion avec le médecin sur la mobylette où il est affirmé qu’il faut préférer le présent à la vie future incertaine « C’est de loin que le tambour paraît mélodieux. » »
Jean-Luc Lacuve le 19/12/2006 – Ciné-club de Caen
Dossier pédagogique réalisé dans le cadre du dispositif « Lycéens au cinéma », très complet et passionnant… A lire après la projection…
Dans ma nuit, si brève, hélas
Le vent a rendez-vous avec les feuilles.
Ma nuit si brève est remplie de l’angoisse dévastatrice
Ecoute ! Entends-tu le souffle des ténèbres ?
De ce bonheur, je me sens étranger.
Au désespoir je suis accoutumée.
Ecoute ! Entends-tu le souffle des ténèbres ?
Là, dans la nuit, quelque chose se passe
La lune est rouge et angoissée.
Et accrochée à ce toit
Qui risque de s’effondrer à tout moment,
Les nuages, comme une foule de pleureuses,
Attendent l’accouchement de la pluie,
Un instant, et puis rien.
Derrière cette fenêtre,
C’est la nuit qui tremble
Et c’est la terre qui s’arrête de tourner.
Derrière cette fenêtre, un inconnu s’inquiète
pour moi et toi.
Toi, toute verdoyante,
Pose tes mains – ces souvenirs ardents –
Sur mes mains amoureuses
Et confie tes lèvres, repues de la chaleur de la vie,
Aux caresses de mes lèvres amoureuses
Le vent nous emportera !
Le vent nous emportera !
Forough Farrokhzad, poétesse iranienne (née en 1937 à Téhéran, décédée à l’âge de 33 ans en 1967)
Poème extrait du film
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles