VENDREDI 14 MARS 2014 à 20 H ▶ Wadjda, de Haifaa Al-Mansour
Wadjda,
de Haifaa Al-Mansour
Arabie Saoudite – 2013 – 1h37
Avec Waad Mohammed, Reem Abdullah
Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles.
Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, Wadjda décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant désirée.
Note de la réalisatrice
Je suis si fière d’avoir écrit et mis en scène le premier long métrage jamais réalisé dans le Royaume. Je viens d’une petite ville en Arabie Saoudite où on trouve beaucoup de petites filles comme Wadjda. Des petites filles qui ont de grands rêves, de fortes personnalités et tant de potentiel. Des petites filles qui peuvent, et pourront re-façonner et re-définir notre nation. Il était important pour moi de travailler avec un casting entièrement saoudien, de raconter cette histoire avec des voix authentiques. Le tournage a été une incroyable collaboration qui a rassemblé des équipes talentueuses, de l’Allemagne à l’Arabie Saoudite, jusqu’au coeur de Riyad.
J’espère sincèrement que le film offre une vision intérieure unique de mon pays, et qu’il parlera à tous, à travers ces thèmes universels que sont l’espoir et la persévérance.
Revue de presse
« Que peut-on attendre d’un film surgi du désert ? Cent sept ans après le premier long-métrage de l’histoire du cinéma (The Kelly Gang, réalisé en Australie), Wadjda arrive d’un pays, l’Arabie saoudite, qui n’avait jamais produit de film, pas plus qu’on ne les y regarde. C’est peut-être le seul endroit au monde où les galeries commerciales ne se terminent pas, à l’étage supérieur, par un multiplexe.
Que pouvait-on attendre en fait de premier film ? Une expérience brute ? Une vision distancée, produite par un exilé ? Une oeuvre de propagande à la gloire du régime ? Wadjda n’est rien de tout cela. Lors de sa première projection internationale, au Festival de Venise, en septembre 2012, le public a été saisi par la maîtrise du style, par la clarté du propos, par l’accessibilité de l’histoire et la grâce de ses interprètes, sans parler de celle de la réalisatrice, puisque c’est une femme qui place l’Arabie saoudite sur le planisphère du cinéma. Wadjda est une comédie teintée d’amertume, qui raconte le choc entre une petite fille rebelle, sur le point de devenir femme, et un ordre établi qui n’a pas prévu d’autre place pour elle que celle d’épouse et mère.
Si l’on en sort un peu étourdi, c’est qu’on vient d’être submergé par un flot d’informations, d’intuitions auquel on n’était pas préparé. Encore moins à ce que cette vision de la vie quotidienne d’une famille de Riyad se présente sous cette forme charmante, séduisante.(…)
Wadjda montre l’intimité du foyer, le mélange entre les vestiges d’une vie dont on ne veut pas s’avouer qu’elle a disparu à jamais et la normalité moderne (télévision, consommation). Et, si l’existence même du film, sa réussite et le plaisir qu’il procure sont un sujet d’optimisme, Haifaa Al-Mansour mène son récit jusqu’au bout. Sa conclusion rappelle que l’optimisme est pour l’instant réservé aux observateurs, interdit aux femmes ou aux petites filles qui n’ont pas d’autre perspective que de passer le reste de leur existence dans ce royaume qui produit quelque 10 millions de barils de pétrole par jour et un film par siècle. »
Thomas Sotinel – Le Monde
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles