VENDREDI 9 JANVIER 2015 à 19h45 ▶ Raining in the mountain, de King Hu
Raining in the mountain
de King Hu
1979 – Taiwan – 120 minutes
Au XVe siècle en Chine sous la dynastie Ming. Le temple de San Pao est alors un des monastères bouddhistes les plus renommés. Le bonze supérieur atteint par l’âge songe à se trouver un successeur. A cet effet, il invite des étrangers au monastère pour les consulter. Parmi eux, le seigneur Wen, riche fidèle au temple, le général Wang et Maitre Wu Wai, un érudit. Ces très honorables personnages rêvent, chacun pour leur compte, de dérober le manuscrit inestimable du Mahayana Soutra qui se trouve dans un coffret caché dans le monastère.
Scénario : King Hu – Photos : Henry Chan – Musique : Ng Tai-Kong – Production : King Hu Films Productions
Comédiens : Hsu Feng, Sun Yueh, Shih Chun, Tien Feng, Chin Pei, Chen Hui-Lou.
Considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre définitif de King Hu, Raining in the Mountain allie sa maîtrise de l’espace – tout le film a été tourné dans un authentique temple coréen – à une épure de mise en scène qui atteint ici des sommets. Sans nul doute l’un des plus beaux films du cinéma chinois.
« Tout est mis en scène dans ce film où la violence, l’amour et la prière s’organisent dans des ballets d’une stupéfiante beauté. » Le Quotidien de Paris
« On ne sait plus si l’on est devant un film de cape et d’épée, un ballet, un policier ou une initiation bouddhique. Mais ce que l’on sait, c’est que Raining in the Mountain est un chef-d’oeuvre. » (Télérama)
Cinémasie
Là où le cinéma de Hong Kong prend réellement une dimension autre, où la tradition chinoise arbore une beauté fraîche, naturelle et picturale quasi nippone, une poésie formelle qui lui manque trop souvent. Là où chaque décor, chaque objet, chaque accessoire, chaque costume atteint la perfection la plus authentique et où la photographie tient du grand art. Là où la sagesse du pauvre éclate de sa superbe, où chacun relève plus d’un courant de pensée, d’une direction plutôt que d’un être incarné. Là où les fils du récit s’entremêlent et dessinent pas à pas une forme parfaitement claire, réunissant avec majesté la douceur et le mouvement, où le silence de la nature cohabite avec les complots énergiques et la folie du pouvoir. Quelque part au milieu de tout cela, il y a King Hu et son royaume.
Ni wu xia pian, genre auquel King Hu n’est que trop calfeutré, ni film contemplatif, Raining in the mountain est une immense partie d’échec spirituelle, mystique et méditative qui tient beaucoup (en effet) d’une version lumineuse du « Nom de la Rose ». Pas de moine enquêteur attitré pour résoudre une sombre affaire de meurtre mais une communauté pieuse, un lieu sacré plein de savoir et une brochette d’invités qui recèlent tout autant de mystères à éclaircir, de personnalités à dévoiler. Scène après scène, à chaque détour des innombrables recoins de l’immense temple, un noeud se défait, une surprise apparaît, une énigme s’éclaircit pour mieux embarquer le spectateur aux yeux brillants, à la salive gourmande, complice d’un charme unique qui fait le cinéma des grands.
Des influences puisant dans le meilleur du cinéma occidental, un rythme millimétré, 10 personnages d’horizons distincts bientôt clairement campés d’un côté ou de l’autre et une beauté subjuguante de chaque plan ne suffisent à parfaire le travail si précis de King Hu. Il lui faut encore ce message de paix douce et simple, ce bouddhisme discret, cette richesse spirituelle des gens les plus simples, ce détachement de ceux qui savent voir et cet humour tout en finesse véritablement jouissif, pour donner encore et encore du plaisir.
A la frénésie de mouvements de ceux qui se battent discrètement pour ce sacré rouleau, s’appose la quiétude du site et la sagesse de ceux à qui l’on ne peut cacher ses intentions. Une opposition qui démultiplie encore la force du message de King Hu et unit son travail jusqu’à la perfection. Réalisé en Corée du Sud et en indépendant, en dehors des gros circuits de distribution, King Hu garde l’essence du cinéma HK divertissant en y ajoutant une patte spirituelle typiquement asiatique dont il garde le secret. Son récit, entièrement tourné en extérieur et dans un véritable temple coréen, propose pour finir une distribution d’acteurs remarquable qui ajoute encore à son authenticité.
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles