VENDREDI 10 MARS 2017 à 20 h ▶ No Land’s Song, de Ayat Najafi
No Land’s Song
de Ayat Najafi
France/Iran – 2014 – 1h 35′
Avec Sara Najafi, Parvin Namazi, Sayeh Sodeyfi…
En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit de chanter en public en tant que solistes. Une jeune compositrice, Sara Najafi, avec l’aide de trois artistes venues de France (Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi), va braver censure et tabous pour tenter d’organiser un concert de chanteuses solo.
« Instructif et émouvant, le film raconte donc l’histoire d’une révolution aussi discrète qu’essentielle : ce qui s’y profile, en filigrane, c’est le triomphe de l’art face à l’ignorance. Le bannissement de la voix féminine révèle de tristes vérités, notamment la peur de l’émotion, synonyme, pour certains théologiens, d’émoi ou d’excitation et non d’élévation spirituelle… On découvre qu’avec l’interdiction du chant féminin tout un pan du répertoire musical persan, écrit sous d’autres cieux pour les femmes, est précipité dans l’oubli.
Ce combat — la lutte contre l’oubli — a été porté, deux ans durant, par de telles héroïnes que leur succès, aussi petit soit-il, devient un signe d’espoir face à tant d’aveuglement. Lorsque Emel Mathlouthi chante, un vent de liberté souffle et sa seule présence devient un affront à tous les obscurantismes. » Pierre-Julien Marest – Télérama
« Il y a au cœur de No Land’s Song, des espèces de trous noirs, dans lesquels s’engloutissent le cinéma et la musique. Et, pourtant, ces moments, pendant lesquels Sara Najafi, l’héroïne de ce documentaire (car les héroïnes ne sont pas seulement faites pour la fiction), se rend auprès du fonctionnaire du ministère de la culture et de la guidance islamique chargé des questions musicales et enregistre ses propos sans le filmer, ancrent le film d’Ayat Najafi (le frère de l’héroïne) dans la réalité, plus solidement que ne le feraient des images.
Ces séquences qui mettent aux prises une jeune compositrice et chanteuse décidée à monter un concert féminin à Téhéran, au moment où le pouvoir présidentiel va passer de Mahmoud Ahmadinejad à Hassan Rohani, et le responsable chargé de délivrer l’autorisation nécessaire, donnent à ce film, par ailleurs souvent joyeux, une gravité et une puissance qui le hissent au-dessus du commun des documentaires.
Sans ces paroles volées à un interlocuteur qui détient les clés de la création (alors qu’il n’a lui-même jamais rien créé), No Land’s Song ne serait qu’une variante de ces innombrables films, fictions, comédies musicales, documentaires, qui décrivent les tourments d’un groupe d’enthousiastes devant vaincre l’adversité pour faire de la musique.
Ici l’adversaire n’est ni la vieille génération qui ne comprend pas la musique des jeunes ni les puissances de l’argent qui veulent réduire l’art à une source de revenus : ce sont les ordonnateurs de la société. Se réclamant d’un mélange de jurisprudence et de théologie, ils se sont fixé pour objectif d’organiser un monde préservé du péché, et dans ce monde – leur monde – les femmes et la musique sont deux des plus fécondes sources de péché. » Thomas Sotinel – Le Monde
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles