MERCREDI 3 MAI 2017 à 20 h ▶ Je danserai malgré tout !, de Blandine Delcroix
Je danserai malgré tout !
de Blandine Delcroix
France – 2016 – 58′
C’est une histoire de danse et de corps. Une histoire sur la liberté, guidée par Bahri, Sandra et Selma les trois personnages principaux du film.
Bahri, Sandra et Selma sont tous trois engagés dans un combat citoyen avec une arme : l’art et la culture. Le plus dur reste à faire depuis 2011 et la chute de Ben Ali. La véritable révolution est celle qui agit au plus profond des consciences. Tout à coup, le discours s’efface devant les corps qui dansent. Devant les corps qui s’affranchissent des contraintes. Qui disent non à l’obscurantisme.
Note d’intention de la réalisatrice (extrait)
Janvier 2015 – Tunis
J’atterris à Tunis-Carthage dans un état d’esprit inattendu : les attentats de Paris ont eu lieu 3 jours avant. Demain à Paris, il y aura une grande marche citoyenne. Mais quel sens d’être alors ici à Tunis pour justement interroger la liberté d’expression ? Avec le surgissement brutal de cet épisode je prends ma propre place dans la narration du film. Au-delà des particularismes socio-culturels, le combat que je veux montrer n’a pas de territoire. C’est aussi le mien. J’y suis pleinement mêlée. Ce que je vais rencontrer en Tunisie viendra éclairer en retour mes propres références. Mes et nos propres schémas de pensée. Le film sera probablement constitué de ces regards et de ces mots en miroir.
Dans la tourmente, un débat fondamental est engagé en France. Il l’est depuis 4 ans en Tunisie. Débat au sein duquel les artistes occupent une place particulièrement importante. Ici, les petits soldats de la liberté sont partout. Dans l’espace public comme dans l’espace privé. Dans le champ associatif comme dans le champ politique. Marche après marche, ces artistes éclairent les regards de leurs péripéties, de leurs provocations, jamais gratuites. Pas à pas, ils gagnent quelques centimètres d’espace. Dans un environnement où l’instrumentalisation du religieux et du sacré distille interdits et tabous, leur discours est autant mouvement que mot. Il est autant cris de douleur que cris de joie. Il est libre. En souterrain ou en pleine lumière.
C’est cette pratique artistique de résistance que j’ai toujours voulu approcher. Saisir au plus près cette énergie de l’art quand il est politique, quand il ne renonce à aucun engagement, quand il se veut intrinsèquement subversif. L’utilité de l’art ? J’ai cette intuition qu’ici, en Tunisie, la question ne se pose pas. En tous les cas, pas pour ceux qui depuis 4 ans ne cessent de bousculer la société par leurs actions artistiques.
Aura-t-il fallu ces morts-là à Paris, ô combien symboliques sur la sacro-sainte terre des droits de l’homme, pour que nous prenions conscience que le pouvoir de nous exprimer librement est un acquis toujours à défendre. A fortiori, en donnant de la réalité une représentation sublimée, les artistes sont aux avant-postes de cette liberté. Même si pour ceux qui en Tunisie s’accordent à dire que « la liberté d’expression est le seul gain véritable depuis janvier 2011 », peut-on vraiment le tenir pour acquis ? Rien n’est jamais véritablement gagné. A Paris, on semble le découvrir à nouveau. Ici à Tunis, on le sait. L’extrême vigilance est une obligation. L’artiste est une vigie qui regarde loin et donne l’alerte. Mais de quoi est fait cet horizon qui semble se découvrir ?
Ce que j’observe en Tunisie me fait penser à un laboratoire dont nous pourrions aussi nous inspirer : nul ne sait ce qu’il va sortir de cette période mais l’expérimentation est partout. Dans le quotidien. Dans la politique. Dans la construction d’un espace démocratique. Dans la façon de mener des projets. Dans la façon de tester des pratiques artistiques. Tout est ouvert comme tout est incertain. Beaucoup de terrains sont en friches, au sens propre comme au sens figuré. Les idées fusent de toutes parts. Tout reste à faire. Il semblerait que « la révolution ne fasse que commencer ».
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles