VENDREDI 15 SEPTEMBRE 2017 à 20 h ▶ Lumière ! L’aventure commence
Lumière ! L’aventure commence
de Thierry Frémaux
France – 2016 – 1h 30
En 1895, les frères Lumière inventent le Cinématographe et tournent parmi les tout-premiers films de l’histoire du cinéma. Mise en scène, travelling, trucage ou remake, ils inventent aussi l’art de filmer. Chefs-d’œuvre mondialement célèbres ou pépites méconnues, cette sélection de films restaurés offre un voyage aux origines du cinéma. Ces images inoubliables sont un regard unique sur la France et le Monde qui s’ouvrent au 20e siècle. Lumière, l’aventure du cinéma commence !
Réalisateurs des films Lumière : Louis Lumière, Francesco Felicetti, Marius Sestier, Charles Moisson, Constant Girel, Gabriel Veyre, Alexandre Promio, Félix Mesguich, Francis Doublier
Critikat – Arnaud Hée
« La voie Lumière du cinéma a souvent été décrite comme celle de l’enregistrement, elle constitue en fait une matrice bien plus importante concernant la mise en scène mais aussi la narration cinématographiques, et il est frappant comme cette question innerve ce stade primitif. Cette édition permet de confronter les trois versions de Sortie d’usine, dont la première, en mars 1895, fut réalisée avec la caméra dissimulée au rez-de-chaussée d’un bâtiment situé face au portail, « afin que les figurants ne soient pas distraits par la vue de l’appareil » déclara l’opérateur François Doublier – notons l’utilisation du terme de « figurants ». Mais le problème du récit est ainsi déjà posé : le réel ne s’organise pas de lui-même pour être filmé (et filmable), impossible de lui dicter le scénario prémédité, ici très précis – ouverture du portail-sortie du personnel-fermeture du portail. D’où les deux versions suivantes réalisées en mai 1895, avec cette fois l’appareil visible (et regardé par certains protagonistes), des employés endimanchés (ils sortent alors de la messe), toujours avec l’immense chien et la répétition de quelques pitreries. Au troisième essai, le récit est enfin complet, mais ceci s’est fait au prix d’une intervention sur le réel – on a notamment supprimé la sortie de la voiture des dirigeants afin de permettre la fermeture à temps du portail. Ainsi est fixée une équation cinématographique, toujours valable : le dialogue entre la préméditation (repérages préalables, installation de la vue, composition du cadre, choix du moment de déclenchement) et l’accueil d’aléa (les vicissitudes durant le continuum d’espace-temps contenu par la prise) ; tout le film se trouve contenu entre ces deux termes, à la réflexion peut-être plus porteurs que la traditionnelle distinction entre fiction et documentaire. »
Télérama – Guillemette Odicino
« Disons-le d’emblée : ce montage, composé et commenté par Thierry Frémaux, d’une centaine de films sur les quinze mille tournés entre 1898 et 1905 par les Lumière et leurs opérateurs est un ravissement. L’aventure commence avec la célèbre Sortie d’usine de 1895 — qui, en réalité, fut filmée trois fois… Puis, classées par sous-ensembles thématiques, les perles défilent, à la fois témoignages des temps passés et chocs de modernité : ces « vues » de moins d’une minute se posent comme les ancêtres de toutes les vidéos que tout un chacun, aujourd’hui, réalise avec son téléphone portable, en nettement mieux cadré…
Car il est bien question de grammaire du cinéma et de mise en scène avec, déjà, l’art du travelling, de la composition des plans, de la profondeur ou de l’axe de champ, et même de la direction d’acteurs. […] »
Le Monde – Jacques Mandelbaum
« Ce qui frappe avant toute chose, et contribue à rendre ce film si émouvant, c’est le sentiment de la primauté de toute chose. Les « premières fois » sont ici innombrables. Premier film, premier travelling, premier gros plan, première comédie, premier documentaire. L’impression que tout le cinéma, en ses genres, ses puissances et ses formes, est trouvé d’emblée lors de ces gestes inauguraux. La beauté de la composition. La démocratie du cadre. La miraculeuse collusion du programme et du hasard. La vocation universelle du cinéma.
C’est bien la découverte de l’archéologie technologique, industrielle et artistique de cet art merveilleux que nous donne à voir ce programme.
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles