JEUDI 12 OCTOBRE 2017 à 20 h ▶ L’Autre Côté de l’espoir, de Aki Kaurismäki
L’Autre Côté de l’espoir
de Aki Kaurismäki
Finlande – 2017 – 1h 38′
Avec Sakari Kuosmanen, Sherwan Haji
Helsinki. Deux destins qui se croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile.
Dossier de presse
Notes du réalisateur
Avec ce film, je tente de mon mieux de briser le point de vue européen sur les réfugiés considérés tantôt comme des victimes objets de notre apitoiement, tantôt comme des réfugiés économiques qui avec insolence veulent prendre notre travail, nos femmes, nos logements et nos voitures.La création et le développement de nos préjugés en stéréotypes ont une sombre résonance dans l’histoire de l’Europe. L’Autre Côté de l’espoir est, je l’avoue volontiers, un film qui tend dans une certaine mesure et sans scrupules à influer sur l’opinion du spectateur et essaie de manipuler ses sentiments pour y parvenir. Cette tentative évoquée ci-dessus va naturellement échouer, mais il en reste, j’espère, un film intègre, un peu triste, porté par l’humour et un peu réaliste sur les destins de quelques hommes dans ce monde aujourd’hui.
Aki Kaurismäki
Télérama
« […] Si Kaurismäki nous parle à nouveau aujourd’hui du destin d’un migrant, c’est pour faire entendre un besoin de fraternité devenu encore plus criant. La réalité s’est durcie. Lorsque Khaled est questionné par les autorités finlandaises sur son parcours et raconte les violences qu’il a subies, le décor froid de la pièce dit qu’il n’y a plus de place pour la compassion. Nul besoin de protection pour le Syrien, qui peut être renvoyé chez lui, jugeront les autorités. Sur un écran de télé, surgissent alors les images d’Alep en ruines… En même temps qu’il épingle la gestion bureaucratique d’une crise humanitaire, Kaurismäki reste dans la générosité. Les images du reportage télé, il les accueille dans son film. Lui qui a toujours rendu hommage à la pureté du cinéma des origines, aux films muets et à Charlie Chaplin, il met l’actualité au premier plan. Montrer Alep est essentiel. Dans son univers si personnel, le Finlandais fait entrer le monde d’aujourd’hui comme une évidence. […] En allant vers les autres, Kaurismäki revient à lui, retrouve son passé. A travers Wikström, il évoque son père, qui était VRP spécialisé dans les chemises. Et comme à ses débuts dans le cinéma, il nous fait souvent croiser ici des musiciens, des rockers qui chantent au coin des rues, dans les bars. L’Autre Côté de l’espoir est un film plus juvénile que ses précédents, en même temps qu’il est très réfléchi, engageant sa vision du monde aujourd’hui. C’est le film de tous les partages. Entre la sombre réalité et la légèreté qui permet d’y survivre. Entre les souvenirs et le changement. Entre Khaled et Wikström. Un Syrien et un Finlandais qui, avec leurs cheveux gominés, ont belle allure. Leur héroïsme, c’est l’humanisme. » — Frédéric Strauss
La Croix
« Tout le charme du cinéma d’Aki Kaurismäki opère à nouveau dans L’Autre Côté de l’espoir. L’humour s’y déploie comme la lumière perce au loin dans l’obscurité, par-delà la tristesse des âmes seules. La musique y occupe une place de choix, voix rock bouleversantes sur riffs de guitares.
Les personnages sont humains, trop humains, capables de petites bassesses et de grandes générosités, sans héroïsme ni même résolution. L’humanité, chez Aki Kaurismäki, ne s’encombre pas de posture ou de principes.
Elle agit comme en dépit de ceux qui la portent et les entoure d’un halo de grâce. De ces ingrédients naît une sorte de burlesque désabusé, d’une tendresse infinie.
Tout le charme du cinéma d’Aki Kaurismäki opère à nouveau dans L’Autre Côté de l’espoir. L’humour s’y déploie comme la lumière perce au loin dans l’obscurité, par-delà la tristesse des âmes seules. La musique y occupe une place de choix, voix rock bouleversantes sur riffs de guitares.
Les personnages sont humains, trop humains, capables de petites bassesses et de grandes générosités, sans héroïsme ni même résolution. L’humanité, chez Aki Kaurismäki, ne s’encombre pas de posture ou de principes.
Elle agit comme en dépit de ceux qui la portent et les entoure d’un halo de grâce. De ces ingrédients naît une sorte de burlesque désabusé, d’une tendresse infinie.
Néanmoins, jamais le film ne cède à la mièvrerie. La violence d’un continent tenté par le rejet de l’autre s’y exprime âprement et, derrière la fable, le cinéaste n’oublie jamais de quel monde il parle.
Authentique poète, homme dévoré par l’injustice et la dureté du monde, Aki Kaurismäki ne présume pas de ses forces d’artiste. Sa conscience n’en est que plus précieuse. »
Sherwan Haji, 32 ans, comédien
« Ce tournage a constitué pour moi une magnifique expérience humaine. J’ai rencontré en Aki Kaurismäki un homme franc, plein d’énergie positive. Cela a tout de suite amené notre collaboration à un autre niveau.
À la lecture du scénario, je me suis rendu compte qu’Aki ne tirait pas ce texte vers le côté technique, mais davantage vers l’émotion, le ressenti. C’était presque un poème. Certaines personnes ont un tel niveau de sensibilité face à la vie…
Je peux confirmer que la tristesse d’Aki Kaurismäki en tant qu’homme, sa vulnérabilité sont liées à l’absurdité du monde. Il y a un peu du Don Quichotte en lui. Il veut sauver ce que beaucoup de gens ont presque oublié : leur humanité.
Ce rôle n’est pas identique à mon histoire personnelle, mais je suis syrien, et je suis venu en Finlande, pays dont je ne connaissais rien – pour suivre celle que j’aime. J’ai pu nourrir ce personnage qui, en retour, m’a changé. Je l’ai senti. Des proches me l’ont dit. Je suis devenu beaucoup plus chaleureux, après sept ans dans ce pays à la météo glaciale. »
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles