JEUDI 19 OCTOBRE 2023 à 19 h 30 : Kuessipan, de Myriam Verreault
Kuessipan
de Myriam Verreault
Canada – 2019 – 1h 57’
Avec Sharon Fontaine-Ishpatao, Yamie Grégoire et Etienne Galloy
Nord du Québec. Mikuan et Shaniss, deux amies inséparables, grandissent dans une réserve de la communauté innue. Petites, elles se promettent de toujours rester ensemble. Mais à l’aube de leurs 17 ans, leurs aspirations semblent les éloigner : Shaniss fonde une famille, tandis que Mikuan tombe amoureuse d’un blanc et rêve de quitter cette réserve devenue trop petite pour elle…
Dossier de presse – entretien avec Myriam Verreault et Naomi Fontaine, auteure du livre Kuessipan
Kuessipan signifie : « À toi », « À ton tour ». Au-delà de sa signification dans le livre, quelle est la portée de ce « À toi » ?
Myriam Verreault : Le titre fait écho non seulement à l’histoire, mais aussi au processus de création. Il y avait quelque chose à transmettre, une sorte de passation de flambeau pour que le film puisse exister. Naomi a d’abord accepté de me transmettre son livre Kuessipan, mais elle m’a aussi transmis une volonté et un savoir.
Naomi Fontaine : Le livre n’est pas une histoire à proprement parler. C’est un ensemble de voix. Lorsque j’ai écrit Kuessipan, j’avais une intention très claire : donner à voir des visages, des lieux et des moments vécus dans ma communauté. Le désir de m’éloigner des images généralement véhiculées de Uashat mak Mani-Utenam1, celles du désoeuvrement et de la perte d’identité. Kuessipan, c’est d’abord « à toi », « à eux », à ceux dont je parle, d’exister en dehors des préjugés.
MV : Cette passation allait s’opérer ensuite avec les comédiens, pratiquement tous des Innus de la communauté, pour qui c’était la toute première expérience professionnelle de jeu. Ils allaient incarner des personnages très proches d’eux et prouver à leur tour qu’ils pouvaient aussi faire partie de ce monde.
Il aurait été difficile d’imaginer que le film puisse se faire ailleurs que sur la Côte-Nord.
MV : Quand j’ai visité Uashat pour la première fois, je suis tombée en amour avec les gens de là-bas et j’ai tout de suite compris qu’il fallait non seulement les montrer eux, mais surtout qu’ils en tirent une certaine fierté. Je ne les avais jamais vus au cinéma ni à la télé. Avant Kuessipan, ils étaient invisibles, absents de l’image que l’on se fait du Québécois. J’étais convaincue que d’autres pouvaient tomber en amour avec eux. Mais pour cela, il fallait tout faire là-bas.
NF : Il y a aussi l’importance du lieu. Il y a ce vaste territoire, le fleuve aussi large qu’une mer, les saisons… et la réserve qui est un lieu contenu, restreint. Cette étroitesse d’espace apporte une proximité entre les gens avec tout ce que ça implique de beau : la solidarité, l’entraide, l’interdépendance des gens.
MV : Le mot « réserve » possède une connotation négative, mais au fond, qu’est-ce qui fait la réserve? Ce sont les gens. Et moi, je voulais montrer ce lieu à travers la vraie vie des gens…
NF : D’où la distinction qu’il faut faire entre réserve et communauté. La réserve, c’est le lieu. La communauté, ce sont les gens. Il existe une barrière réelle, une frontière délimitée entre la réserve et la ville de Sept-Îles qui enclave Uashat et la sépare de Mani-Utenam, qui est à 15 minutes de voiture. Mais la communauté, ça transcende ça.
Naomi, à qui t’adressais-tu quand tu as écrit Kuessipan ?
NF : Aux Québécois. J’ai grandi au Québec depuis l’âge de sept ans et ils avaient une image faussée de ma nation. J’avais envie de dire : « Je vais te montrer le visage de ma grand-mère ». Après, je me suis rendu compte que les Innus se reconnaissaient dans le livre et que le fait de se reconnaître dans une littérature était fondamental.
Myriam, quel a été ton point d’entrée dans le livre ?
MV : Le style de Naomi est très descriptif, je voyais tout. Il y a cette phrase qui m’a fait un effet immense : J’aimerais que vous la connaissiez, la fille au ventre rond. Je la connaissais, je la comprenais et je sentais tout l’amour que l’écrivaine lui portait. Je m’identifiais à quelqu’un qui n’était pas moi et je pouvais m’imaginer vivre dans la réserve, vouloir en sortir, mais aussi vouloir y rester. Il y a des choses qui sont très mal comprises à propos des Innus, comme le fait que les filles ont des enfants tôt. Il y a quelque chose de simple dans la manière dont Naomi décrit ça, dans le « pourquoi pas » qui fait voler nos préjugés en éclats.
Le livre est remarquable dans sa puissance d’évocation, mais il n’est pas narratif au sens propre. Comment avez-vous transformé la matière du livre ?
MV : Il y a d’abord eu ce séjour de recherche où nous nous sommes installées là-bas pendant deux mois à l’été… 2012 !
NF : On s’était fait un trip d’été. On a passé beaucoup de temps avec les gens, sur la plage, autour d’un feu, on sortait beaucoup…
MV : Moi j’ai eu un choc qui m’a sortie de cette image où les autochtones font pitié. J’ai fait la fête avec eux. J’avais de grandes ambitions d’écrire la première version cet été-là, mais je n’ai pas écrit une seule ligne (rires coupables). J’avais l’impression de faire l’école buissonnière. Il y avait trop à apprendre, à assimiler. Mais au fond, le processus d’écriture était déjà enclenché à force de vivre avec eux.
Quelle forme a pris la co-écriture ?
MV : Après avoir déterminé ensemble les grandes lignes du récit, j’ai assumé l’écriture au jour le jour, mais Naomi s’est imposée comme la gardienne de la culture et de l’esprit du projet. Le processus étant long, c’était facile de se perdre. Elle me ramenait à l’essentiel de ce qu’on voulait faire, de ce que devait être le film. Et elle alimentait mon écriture avec d’autres idées et de nouvelles images juste par le truchement de longues conversations au téléphone où l’on jasait simplement de la vie.
Comment a émergé le récit ?
MV : On voulait montrer la vie des Innus à travers le regard d’une fille (Mikuan), mais en même temps créer une histoire qui pouvait se passer ailleurs. Dire « voici une Innue », c’est différent de dire « voici tous les Innus », ce qui est impossible et pas forcément intéressant sur le plan dramatique. À partir d’impressions recueillies là-bas et des images fortes du livre, on a imaginé ces deux amies, Mikuan et Shaniss, qui portent en elles deux forces qui s’opposent et se nourrissent : partir, rester. C’était déjà une transgression, car ces personnages ne sont pas dans le livre à proprement parler. Concrètement, plus le scénario avançait, plus on s’éloignait du livre, mais sans jamais en trahir l’esprit.
NF : Quand on parle des autochtones, on a tendance à mettre tout le monde dans le même panier. Il fallait qu’on puisse voir la multitude des possibles. D’où l’importance de développer d’autres personnages comme Metshu, le frère de Mikuan, leurs parents, sa grand-mère, ou le cheum de Shaniss.
Il y a eu plusieurs versions du scénario, beaucoup de refus. Qu’a-t-il gagné au fil de la réécriture, et qu’a-t-il perdu ?
MV : Ce qui a été perdu, c’est mon idée de faire un film plus impressionniste, en tableaux. Il y a eu un glissement vers quelque chose de plus narratif, au sens américain. Grâce aux refus… ou plutôt, à cause des refus, je pense que ça m’a amenée à développer la profondeur de chaque personnage. Je me suis décomplexée et j’ai perdu ma peur de faire quelque chose de convenu. Les lieux et les gens sont habituellement tellement invisibles que ce sonte ux qui apportent la singularité du film.
Est-ce que la voix off s’est imposée d’emblée ?
MV : La voix off de Mikuan était présente dans les premières versions. Puis elle a disparu pour nous permettre de « penser récit » en imaginant des actions concrètes. Je l’ai ensuite réintroduite au montage, pour l’écrire je me suis replongée dans le livre. Il y a donc eu un mouvement, on s’est éloignée du livre pendant la scénarisation pour y revenir à la fin. Ça s’est fait naturellement.
La voix off nourrit le film telle une musique et apporte une clé pour comprendre Mikuan et les Innus affectivement, intuitivement.
NF : Les images de Myriam ajoutent une couche aux phrases tirées du livre, elles en multiplient les sens. J’avais mes propres images quand je les ai écrites, et maintenant elles en génèrent d’autres qui ne sont pas incompatibles. Les bouts de narration sont un beau rappel au livre.
MV : La voix off apporte une poésie, mais en même temps elle est très enracinée dans le réel, de par la force d’évocation des mots de Naomi. La voix off est désormais partie inhérente au récit du film puisque Mikuan est une écrivaine en devenir qui pense son monde avec les mots. Au-delà de cette histoire d’une amitié fusionnelle mise à l’épreuve, le film décline l’idée de liberté sous plusieurs formes : dans le rapport au territoire, dans les rapports aux autres et les aspirations pour le futur.
MV : Je me souviens d’une entrevue au téléphone lors de mon séjour de scénarisation. De son bureau à Montréal, la journaliste m’a demandée ce qui me marquait chez les Innus. Au même instant, je regardais une fille de dix ans rouler en quatre-roues sans casque sur la plage. J’ai répondu : la liberté. En vivant là-bas, j’ai senti cette liberté qui s’exprime comme un gros « fuck you » aux règles, aux lois, aux lignes de démarcation…
NF : Il n’y a pas de mot qui désigne « liberté » en innu. Il faut avoir connu l’enfermement pour se faire une idée de ce qu’est la liberté. Une manière d’exprimer cette idée dans ma langue serait donc « fin de l’enfermement ». Le contraire de la réserve, finalement.
MV : J’ai essayé de mettre en scène des moments de vie qui transcendent l’enfermement de la réserve. La scène d’ouverture incarne ça j’espère. On voit Mikuan et Shaniss, enfants, cueillant des petits poissons, le capelan, sur la plage la nuit. La quête de liberté de Mikuan n’est pas une négation de sa communauté.
Elle s’oppose plutôt à l’idée d’« enfermement » de la réserve ?
MV : Mikuan est une Innue de 2019, fière de ses racines, mais qui se pose des questions qui dépassent son identité culturelle. Elle se demande si elle peut avoir un impact sur les choses, si elle peut faire une différence dans sa propre vie, mais aussi à une échelle plus vaste. Des questions qui s’appréhendent peu importe où l’on se trouve sur la planète. Shaniss se pose des questions semblables, mais ses choix sont différents. Elle fonde une famille très jeune, elle aime le lieu, elle n’a pas du tout envie de le quitter. Dans leurs discussions, on a le reflet de leur manière de voir.
Les problèmes sociaux sont présents en toile de fond, mais jamais de manière complaisante. Ils n’étouffent ni la lumière ni l’élan de vie. Comment as-tu conjugué ça ?
MV : La direction artistique ne ment pas et n’embellit rien. L’environnement est conforme à la réalité et laisse visibles les traces de pauvreté. Le ton lumineux vient de la façon de filmer, de cadrer. On braquait notre regard sur les gens, pas sur les détails du décor, ni sur la dureté sous-jacente à certaines scènes. Oui, les personnages vivent des situations de désoeuvrement, mais c’est d’eux qu’émane la lumière. Dans la mise en scène, le mot d’ordre était de suivre les acteurs et non l’inverse. De les laisser libres et ne pas les enfermer dans des dialogues rigides ou leur donner des marques précises au plancher. Je voulais qu’ils puissent se sentir libre dans le jeu. Le directeur photo Nicolas Canniccioni et son chef éclairagiste Denis Lamothe ont parfois trimé dur pour éclairer de manière à ce qu’on puisse tourner à presque 360 degrés.
Le jeu des comédiens est bouleversant de vérité.
NF : Si j’avais une certitude, c’est que Myriam allait trouver de bons comédiens chez nous. Les Innus sont très près d’eux-mêmes, de leurs émotions. Le jeu vient naturellement. Nous sommes de nature ludique!
MV : Personne n’avait d’expérience professionnelle. Mon approche était donc de travailler dans le sens de ce qu’ils étaient dans la vie. Et de trouver des gens dont la vie et la personnalité collaient le plus possible aux personnages. Sharon Fontaine-Ishpatao a été choisie, car elle est Mikuan. L’audition a consisté en une conversation de deux heures où on a parlé de sa vie. Je n’en revenais pas, mais j’avais l’impression de parler avec mon personnage. Sharon était très réticente au début. Ce n’est pas une extravertie. La directrice de casting a dû courir après elle pour la convaincre de venir faire des essais. Même chose pour Yamie Grégoire qui incarne Shaniss. Il y avait des moments de fulgurance dans ses essais, mais il y avait aussi beaucoup de ratés, de décrochage. Il lui manquait l’expérience. Pour un film conventionnel, j’aurais cherché ailleurs. Mais elle était Shaniss dans l’âme et c’est cette vérité-là qui m’intéressait et que je voulais mettre en scène.
Donc, une fois les comédiens trouvés, il restait beaucoup de travail pour en arriver à ce niveau de jeu. Comment as-tu procédé ?
MV : On a retenu deux candidats pour chaque rôle et on a organisé des ateliers avec l’aide de Brigitte Poupart qui est venue à Uashat en amont du tournage et pendant une bonne partie de la production. Elle a trouvé toutes sortes d’astuces pour les désinhiber. Ensuite, elle a animé les ateliers de jeu, ce qui m’a permis de les observer avec un peu de recul. On a beaucoup répété. On leur a permis de dire les dialogues à leur manière. On a tourné avec deux caméras pour capter un maximum de réactions et j’ai fait de très longues prises sans couper de manière à laisser les situations exister et en capter l’essence.
Le racisme latent est évoqué par certains moments, tel qu’au bar au début du film ou encore à travers la querelle entre Shaniss et Mikuan, quand celle-ci annonce qu’elle veut partir étudier à Québec avec son nouveau chum Francis, un blanc. Comment percevez-vous cette thématique ?
MV : Personnellement, je ne le vois pas comme du racisme envers les Blancs, mais plutôt de la crainte envers « l’autre ». Il y a une réelle angoisse collective liée à la survie en tant que peuple. Ils ont un destin de résistance. Ils sont moins de vingt mille, pas huit millions. Les Québécois francophones devraient être en mesure de comprendre cette réalité de minorité et des enjeux de perte culturelle qui en découle. Quelle est la saine limite entre la protection de la richesse culturelle d’un peuple et le repli identitaire? Le film évoque la question en s’attachant à une petite communauté, mais c’est un sujet universel, intemporel, complexe, qui est plus que jamais d’actualité. Ce que j’aime de cette querelle entre Mikuan et Shaniss,c’est que les deux ont raison.
NF : Quand Myriam est arrivée dans la communauté, elle a tout de suite été acceptée à cause de son attitude. Une attitude de respect, d’ouverture, mais aussi une dégaine décontractée, pas hautaine, super « chill ».
MV : Ce qui m’a frappée, c’est que blancs et Innus sont voisins, à Sept-Îles, littéralement. On traverse de l’autre côté de la rue et soudainement, on sort ou on entre dans la réserve. Les gens se côtoient sans se parler. L’histoire d’amour entre Mikuan et Francis révèle cette proximité silencieuse et sa complexité. Mikuan et Francis partagent des choses, des appréhensions, le goût de l’écriture, de la musique. Leur univers n’est pas si loin l’un de l’autre, mais en même temps, il l’est. Ils ne peuvent pas faire abstraction des différences culturelles et surtout du poids de l’histoire. Pour défendre son chum, Mikuan rappelle à Shaniss que « Francis n’a volé la terre de personne. » Francis porte malgré lui le fardeau d’une culpabilité collective.
Comment utilises-tu la musique et pourquoi le choix de Louis-Jean Cormier ?
MV : Je voulais que la musique originale soit mélodique et non connotée culturellement. La musique innue est très présente dans le film, ainsi que la musique que Mikuan écoute, qui est une musique pop de son époque. La musique originale devait plutôt illustrer l’intériorité de Mikuan avec goût et avec une réelle charge émotive. La productrice Félize Frappier avait rencontré Louis-Jean et elle avait pensé à lui pour composer la musique puisqu’il est originaire de Sept-Îles. Quand elle m’a informée de son intérêt, j’étais dubitative. J’avais beaucoup de respect pour cet artiste, mais je craignais que cela soit perçu comme un simple coup de pub ou que sa participation éclipse la performance des acteurs. Mais ces craintes n’étaient pas justifiées. Le scénario l’a touché et il s’est mis au service du film. Il connait très bien la réalité de la réserve qu’il a côtoyée dans son enfance et la richesse des relations autochtones-allochtones. Je lui ai demandé de trouver des sonorités singulières et d’utiliser des instruments non classiques. J’ai toujours aimé les sons électroniques rétro et Louis-Jean a embrassé un tout nouveau style avec une aisance déconcertante. La grande force de sa composition est d’introduire subtilement la mélodie principale dans la tête des spectateurs sans l’imposer de façon tonitruante au début du film. C’est la première fois qu’il fait la musique d’un film de fiction, mais j’ai l’impression que ce n’est pas sa dernière…
Sharon Fontaine (Mikuan)
« Ce film m’a apporté de l’espoir et de la confiance. Mon désir secret serait qu’il transforme la vision du public par rapport aux autochtones. Qu’il n’y ait plus de stéréotypes. Lors du processus de casting, j’hésitais à vouloir entrer dans la salle d’audition. Je ne voulais pas faire partie d’une histoire déjà vue auparavant et j’avais peur d’imiter la triste image d’une jolie Pocahontas. Kuessipan est authentique, comme les acteurs du film. Ceux qui y ont travaillé ont donné le meilleur d’eux-mêmes. À tous ceux qui regarderont ce film, j’espère qu’il vous touchera autant qu’il m’a touchée. Je suis honorée de dire que je fais partie d’un projet aussi sincère. »
Etienne Galloy (Francis)
« Je me souviens quand Myriam m’a écrit pour m’annoncer que j’avais le rôle. Elle m’a dit : « Es-tu prêt pour une expérience culturelle complètement dingue ? Attention, ça pourrait changer ta vie. »Moi qui confondais Sept-Îles avec Trois-Rivières ! Je n’avais aucune attente et je me suis laissé surprendre par les Innus et leur culture. Pour moi, Kuessipan a été comme un voyage où tu pars seul. C’est super confrontant au départ, car il fallait que je m’intègre à un groupe qui se connaît depuis très longtemps, mais une fois que je me suis intégré, c’est la fierté d’avoir tissé des liens très forts qui l’emporte. Et je ne voulais pas que le tournage soit la seule cause de ma relation envers les amis que je me suis fait là-bas, donc j’essaie d’y aller chaque été ou de les voir à chaque fois qu’ils viennent à Montréal. Ils m’ont beaucoup appris sur moi-même, et c’est pour ça que c’est important de préserver ces liens précieux. Je pense que le public doit faire la même chose dans la salle de cinéma. Se laisser surprendre par le voyage auquel ils vont participer. C’est l’un des plus beaux voyages du monde, d’où l’on revient avec un sentiment d’appartenance envers des gens et un endroit. Même si on ne les a connus que pour 120 minutes. Et ça, ça veut dire que le film a réussi son travail. »
Yamie Grégoire (Shaniss)
« Je crois que Kuessipan m’a fait grandir. J’ai vécu de beaux moments avec des personnes, et j’ai adoré mon expérience. Avant, j’étais perdue, et en faisant le film, j’ai su où j’avais envie d’être ! Je me suis retrouvée, grâce à Kuessipan, et je crois que le film va avoir un impact sur les gens. C’est un beau film dans lequel nous avons mis tout notre coeur et notre amour! C’est une partie de la vie des gens qui sera montrée. Les non autochtones pourront comprendre un peu la façon de vivre des gens de notre communauté et pour les Innus, ce sera une façon de leur rappeler que leurs réserves, ce sont de belles réserves. »
1 La communauté innue est séparée en deux lieux distincts : Uashat, enclavé au sud-ouest de Sept-Îles sur le bord de la baie et Mani-Utenam, à 20 km à l’est, perché sur la falaise, qui surplombe le fleuve St-Laurent.
Les projections en entrée libre – dans la limite des places disponibles – se déroulent à Paris, dans le 2e arrondissement, près de la rue Montorgueil :
Salle Jean Dame, Centre sportif Jean Dame17 rue Léopold BellanMetro : Sentier (L3) ou Les Halles